Cancer du sang Suivi après la fin du traitement anticancéreux
Cancer du sang
Savoir

Ne pas avoir le cancer ne signifie pas toujours être sans souci

Dr Ballova experte en suivi du cancer du sang

Dr. med. Veronika Ballova
Médecin-chef adjoint en oncologie / hématologie
Hôpital cantonal de Baden

À l’issue d’un traitement contre le cancer commence le suivi. Celui-ci doit permettre aux patientes et aux patients de retrouver le chemin de la vie, explique le Dr Veronika Ballova de l’hôpital cantonal de Baden. 

Entretien  avec  le  Dr  Ballova

 

Pourquoi un suivi complet est-il important ?

Dr Veronika Ballova : Le suivi assure la continuité entre le traitement et l’accompagnement ultérieur. Ici, le plus important, c’est de voir les patientes et les patients. Cela implique le contact, la communication et l’examen clinique. Nous connaissons déjà les patientes et les patients et voyons souvent au premier coup d’œil si elles ou ils vont bien ou s’il y a un problème : La patiente ou le patient semble-t-elle/il pleine de vitalité, a-t-elle/il perdu du poids ou est-elle/il dépressive/dépressif ? Il s’agit bien sûr aussi d’exclure une rechute de la maladie.

 

Qu’est-ce comprend un suivi ?

Ballova : En premier lieu, il y a l’entretien. Les patientes et les patients nous racontent comment ils vont. Nous leur demandons comment se passe leur vie quotidienne, au travail, à la maison, dans leurs relations avec les autres et dans leurs activités de loisirs. Sur le plan médical, nous vérifions par exemple si l’appétit est bon, s’il y a des infections ou des limitations dues aux effets secondaires des traitements. Nous effectuons un examen clinique, et une prise de sang nous permet de vérifier la formule sanguine ainsi que les autres composants du sang. Nous recueillons ainsi des informations sur l’état des fonctions organiques ainsi que sur les éventuelles rechutes de la maladie. Un autre aspect important est l’examen régulier de la moelle osseuse. Selon la situation, des procédés d’imagerie entrent également en jeu (tomodensitométrie, échographie, etc.).

«Durant cette période, l’information des personnes concernées est essentielle pour pouvoir reconnaître les symptômes à temps et prévenir les conséquences négatives.»

Dr. Ballova

Le suivi est-il adapté à chaque patiente ou patient ?

Ballova : Pour le suivi, il existe des lignes directrices que nous suivons. Cependant, l’individualité de chaque patiente et patient induit un choix des éléments du suivi en fonction de leurs souhaits et problèmes. Pour beaucoup, la période de suivi représente un poids plus important que la période plus active du traitement. Les peurs y jouent un rôle important. C’est à ce moment-là que le contact avec nous et le soutien à tous les niveaux se révèlent particulièrement nécessaires. Sans oublier le suivi psycho-oncologique dont la place est incontournable.

 

De quelles séquelles à long terme souffrent les personnes atteintes de leucémie ?

Ballova : Dans le cas de la leucémie, les traitements entraînent des problèmes parfois très spécifiques et handicapants. Par exemple, la transplantation de cellules souches peut entraîner une attaque des cellules transplantées contre le nouvel hôte, c’est-à-dire le patient (graft-versus-host disease/GvHD). Les médicaments destinés à prévenir les réactions de rejet peuvent causer une faiblesse immunitaire et augmenter la susceptibilité aux infections. D’autres peuvent limiter la fonction pulmonaire ou thyroïdienne par exemple. Il faut tenir compte de tous ces points et de beaucoup d’autres dans le suivi :

durant cette période, l’information des personnes concernées est essentielle pour pouvoir reconnaître les symptômes à temps et prévenir les conséquences négatives. Les symptômes typiques chez de nombreux patientes et patients sont la fatigue chronique, la diarrhée, la détresse respiratoire, les lésions nerveuses (polyneuropathies) ainsi que l’abattement et l’absence d’envie.

Gérer les peurs et les angoisses après la fin du traitement contre le cancer du sang

Comment est-il possibles d’agir contre les conséquences à long terme ?

Ballova : Le mouvement est un facteur décisif. Il renforce énormément l’état physique et psychique tout en améliorant les chances de survie. La physiothérapie peut apporter des améliorations ciblées en cas de limitations physiques. Avec un soutien médicamenteux, on peut atténuer les limitations des fonctions organiques, par exemple du cœur et de la thyroïde. Une prophylaxie contre les infections peut également être envisagée.

 

Avez-vous des conseils personnels pour les personnes concernées ?

Ballova : Il est indispensable de comprendre que la récupération après un traitement n’est généralement pas rapide. Le cancer n’est certes plus là, mais la convalescence physique et psychique prend plus de temps, ce qui est souvent difficile à comprendre pour l’entourage des personnes concernées. Nous aidons les patientes et les patients à se réintégrer dans la vie. Les organisations de patients offrent également un soutien et un appui importants.

Thomas Ferber
Date: 27.06.2023