Cancer de l'ovaire test HRD
Cancer gynécologique
Savoir

Cancer de l’ovaire: traitement ciblé grâce aux analyses génomiques

Cancer de l'ovaire test HRD experte Dr. Labidi-Galy

Dre Intidhar Labidi-Galy
Oncologue médical, cancer de l’ovaire
Département d’Oncologie, Hôpitaux Universitaires de Genève

Les tests de diagnostic peuvent être la clé d'un traitement personnalisé et efficace du cancer. Un examen génomique par un test HRD, y compris BRCA, est essentiel, en particulier pour le cancer de l'ovaire.

Dr Labidi-Galy, à l’échelle suisse, environ 700 femmes se voient diagnostiquées un cancer de l’ovaire chaque année, généralement à un stade avancé. De quelles options thérapeutiques disposent ces patientes?

Dre Labidi-Galy : La première mesure thérapeutique, centrale, est l’opération. L’objectif est de retirer entièrement la tumeur. Pour le pronostic et la survie de la patiente, il est décisif que l’opération soit réalisée par un chirurgien gynéco-oncologue expérimenté. Suite à l’opération, on administre généralement une chimiothérapie, qui doit empêcher que le foyer tumoral, qui n’a pas forcément été retiré en intégralité, ne récidive. Nous disposons ici de deux médicaments différents, qui doivent généralement être administrés six fois à un intervalle de trois semaines.

 

Chez environ 20 % des patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire, le cancer est attribuable à des altérations génétiques. Quelles mutations sont pertinentes ici?

Dre Labidi-Galy : Parmi les altérations génétiques les plus fréquentes favorisant l’apparition d’un cancer de l’ovaire, on compte les mutations au niveau des gènes BRCA1 et BRCA2. Il s’agit ici pour deux tiers de ce qu’on appelle des mutations constitutionnelles qui peuvent se transmettre héréditairement. Une petite partie, un tiers, sont somatiques, c'est-à-dire qu'elles ne se retrouvent que dans la tumeur.

 

Quels tests sont nécessaires pour mettre en évidence les altérations génétiques de BRCA?

Dre Labidi-Galy : Le test s’effectue soit au moyen d’un échantillon sanguin, soit au moyen d’un échantillon tumoral. Généralement, un échantillon tumoral est analysé dans le cadre de l’opération, à la recherche d’une mutation BRCA. En fonction des prédispositions familiales, un test génétique peut également être pertinent en préventif afin de prévenir un cancer gynécologique (cancer du sein ou de l’ovaire) dans la famille de la patiente.

 

Chez une patiente sur deux, on observe des lésions du génome tumoral provoquées par un défaut de la recombinaison homologue (HRD). Mais dans seulement environ la moitié des cas, ces lésions sont dus aux gènes BRCA1 et 2. Qu’est-ce que cela signifie?

Dre Labidi-Galy: Pour faire simple, l’HRD est un défaut de la réparation de l’ADN. Les lésions d’ADN ne peuvent plus être réparées sans erreurs et il existe un risque que des cellules dégénèrent. La HRD rend le patrimoine génétique plus instable, on parle alors d'instabilité génomique ou génétique. Cela augmente à nouveau le risque d’être atteint d’un certain type de tumeur comme le cancer de l’ovaire.

Cette perte fonctionnelle peut être provoquée par des mutations BRCA, raison pour laquelle un test HRD comprend aussi toujours un test BRCA. Toutefois, la HRD peut également résulter d'autres mécanismes, sans mutation BRCA. (Voir illustration).

De quels tests a-t-on besoin pour identifier les tumeurs HRD-positives qui résultent d'autres mécanismes que les mutations BRCA ?

Dre Labidi-Galy : Elles sont identifiées par le test HRD. Ici, on recherche les effets d'une HRD, les lésions de l'ADN (voir illustration). Ces anomalies sont représentées dans un score HRD. Un test HRD comprend toujours un test BRCA.

 

Que signifie un résultat positif pour la suite du traitement de la patiente?

Dre Labidi-Galy: Le résultat a une influence directe sur la suite du traitement: nous savons par exemple que les tumeurs avec mutation BRCA répondent mieux à une chimiothérapie à base de platine et que les patientes tirent un bénéfice direct des nouveaux traitements par inhibiteurs de PARP. Ceux-ci inhibent une enzyme responsable de la réparation des lésions d’ADN. Les patientes présentant une tumeur HRD-positive tirent aussi des bénéfices des inhibiteurs de PARP.

 

Les inhibiteurs de PARP sont autorisés en Suisse depuis 2016. Qu’est-ce qui a changé avec ce traitement d’entretien?

Dre Labidi-Galy: Les inhibiteurs de PARP permettent d’améliorer nettement le pronostic et de faire passer la maladie à un état chronique. Même si une guérison n’est pas encore possible, cela permet aux patientes de vivre plus longtemps sans récidive. Pour le traitement, nous suivons toujours une approche en trois paliers: d’abord l’opération, ensuite la chimiothérapie, et enfin le traitement d’entretien. Les inhibiteurs de PARP sont administrés sous forme de comprimés et doivent généralement être pris quotidiennement pendant deux ou trois ans.

 

Quelles options thérapeutiques existent lorsqu’il n’y a pas de mutation génétique?

Dre Labidi-Galy: Dans ce cas, le traitement dépend grandement de l’âge, de l’état de la patiente et du stade de la maladie. Après l’opération et la chimiothérapie, on peut réaliser une antibiothérapie.

Auteure: Anna Birkenmeier
Date: 07.02.2023