
Anxiété et cancer

La plupart du temps, le diagnostic du cancer crée un choc. L’anxiété est une réaction naturelle qui peut se manifester sous différentes formes: la peur de la douleur, du traitement, d’une rechute ou de la mort.
Comment gérer cette peur? Dre Edith Greiner-Mai, spécialiste en psychiatrie et psychothérapie à la Ligue contre le cancer de Zurich, apporte des réponses.
Dr. Greiner-Mai explique
Pourquoi l’anxiété survient-elle?
L’anxiété est une réaction normale et compréhensible face à un cancer, tant pour les patient·e·s que pour leurs proches. «L’anxiété est une réaction biologique ancienne de notre cerveau, précise la Dre Greiner-Mai. À l’origine, elle servait à la survie: face à un danger, elle nous mettait face au choix de fuir ou de combattre. Or, dans le cas du cancer, on ne peut pas simplement s’enfuir.» Il est donc crucial de trouver d’autres moyens de l’affronter.
L’anxiété liée au cancer peut avoir plusieurs déclencheurs: beaucoup de patient·e·s redoutent la douleur, les effets secondaires du traitement ou la possibilité d’une rechute. Quant aux proches, ils et elles ont souvent peur pour leur être cher et se sentent impuissant·e·s. «Le cancer est une expérience traumatisante pour beaucoup», souligne l’experte. L’anxiété ne provient pas uniquement du diagnostic lui-même, mais aussi d’expériences personnelles antérieures. «Presque tout le monde connaît quelqu’un qui est décédé d’un cancer. Cela influence notre perception de la maladie, même si les options thérapeutiques se sont nettement améliorées et permettent aujourd’hui de nombreuses guérisons.»
Il est essentiel de comprendre que l’anxiété est une réaction naturelle et qu’elle ne signifie pas que l’on est impuissant·e face à la situation. Il existe des stratégies pour mieux la gérer et la surmonter.

Parler de ses peurs – une première étape vers la gestion
Exprimer ses craintes peut être une première étape pour mieux les comprendre. «En prenant conscience de son anxiété, on peut se poser la question: cette peur est-elle fondée en ce moment? Ou me paralyse-t-elle inutilement?» explique Dre Greiner-Mai. Partager ses inquiétudes avec ses proches peut aider à mieux les appréhender et à développer des stratégies d’adaptation.
Si l’anxiété devient trop envahissante et affecte le quotidien, il peut être utile de consulter un·e professionnel·le. «Dès que l’anxiété perturbe le sommeil, la concentration ou les relations sociales, il est temps de demander de l’aide», affirme l’experte.
Approches thérapeutiques pour surmonter l’anxiété
Il existe plusieurs méthodes pour apaiser l’anxiété. Une consultation psycho-oncologique peut offrir un soutien ciblé pour gérer les défis émotionnels liés au cancer. La thérapie cognitivo-comportementale aide à identifier et modifier les schémas de pensée négatifs. Une autre approche efficace est l’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing), qui permet de traiter les expériences traumatiques grâce à une stimulation ciblée des mouvements oculaires. Souvent, les patient·e·s bénéficient également de techniques de relaxation comme la pleine conscience, les exercices de respiration ou la relaxation musculaire progressive.
«Prendre conscience que chaque symptôme n’indique pas nécessairement un retour de la maladie peut aider à éviter que l’anxiété ne prenne le dessus.»
La peur d’une rechute – comment y faire face?
La peur d’une rechute est particulièrement pesante chez nombre de patient·e·s. «Lorsque le traitement principal se termine, et avec lui le suivi médical rapproché, beaucoup se sentent soudainement livrés à eux-mêmes. Chaque douleur ou sensation inhabituelle dans le corps peut déclencher une panique liée à la crainte d’une rechute», explique la Dre Greiner-Mai.
Dans cette phase, il peut être salutaire d’adopter une approche proactive de sa propre santé et de développer des stratégies de renforcement mental. «Prendre conscience que chaque symptôme n’indique pas nécessairement un retour de la maladie peut aider à éviter que l’anxiété ne prenne le dessus», souligne l’experte. Le soutien d’autres patient·e·s ou d’un suivi psycho-oncologique peut également être bénéfique pour mieux gérer cette incertitude.
L’entourage souffre aussi
Les proches sont souvent très affecté·e·s par le cancer – parfois même plus que la personne touchée. «Tandis que les patients finissent par comprendre comment leur corps réagit au traitement, les proches restent souvent impuissants et incertains», a pu remarquer la Dre Greiner-Mai. Échanger avec d’autres personnes vivant une situation similaire ou demander un accompagnement professionnel peut les aider à mieux gérer cette incertitude.

Surmonter l’anxiété et retrouver une qualité de vie
L’anxiété peut compliquer la vie avec un cancer, mais il existe plusieurs façons de la surmonter. En cherchant du soutien, en développant des stratégies adaptées et en apprenant à distinguer la vigilance nécessaire de la peur paralysante, il est possible de mieux vivre avec la maladie et de retrouver une certaine qualité de vie. «L’anxiété peut être désapprise, affirme Dre Greiner-Mai. Et parfois, il suffit de savoir que l’on n’est pas seul avec sa peur.»
Date: 28.04.2025

Les informations sur l'offre psycho-oncologique de la Ligue contre le cancer de Zurich se trouvent ici:
www.zuerich.krebsliga/therapie